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#CarréPichon

Leçons de suisse
L’équipe devant la limite entre les deux campus, © Clément Tafin
Publié le 20/11/2018 , Centre Michel Serres, #Racontemoitonprojet

#Racontemoitonprojet « Leçons de Suisse »

Du 6 au 8 novembre dernier, le Groupe #CarréPichon était à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL)

L’occasion pour nous de découvrir de multiples innovations en matière de pédagogie, d’infrastructures, d’architecture et de projets. Il s’agissait de distinguer les éléments propres à la culture Suisse/régionale et ceux pouvant être exportés de façon intelligente dans notre contexte de projet.

Si l’institution fédérale dispose d’un confortable budget annuel d’environ 1 milliard de francs suisses (870 millions d’euros), et s’installe sur un campus étendu à Ecublens, à l’extérieur de la ville de Lausanne, elle est aussi à l’origine de nombreuses innovations systémiques qui dépendent avant tout de choix stratégiques.

Nous avons notamment été sensibles à la politique de ressources humaines de l’EPFL : chaque personnel encadrant est sélectionné sur des critères similaires à ceux des enseignants et dispose d’une grille de salaires équivalente. Les services fonctionnent par projets, à l’exemple de la majorité des enseignements de cursus master. Le Dr. Michaël Thémans, adjoint du Vice-Président pour l’innovation, souligne ainsi la stimulation constante de toutes les équipes des différents services, permettant une grande réactivité face aux initiatives des autres acteurs (enseignants, étudiants, start-ups, entreprises partenaires). Le fait de consacrer une part importante du budget à l’innovation est déjà un acte fort (près de 200 personnes travaillent en permanence aux différents projets d’innovation pour l’EPFL, parmi lesquels la recherche de partenariats, l’accompagnement des start-ups ou la recherche appliquée).

Le campus de l’EPFL

Le campus de l’EPFL aujourd’hui. En haut de l’image, le SwissTech Convention Center, en bas à gauche, l’Innovation Park et en bas à droite, le Rolex Learning Center. © Dr. Etienne Marclay, 2018

Le SwissTech Convention Center

Le SwissTech Convention Center depuis la sortie de la station de métro EPFL, © Clément Tafin

L’EPFL mène également une stratégie d’attractivité fondée sur les conditions d’études et de recherche pour attirer les meilleurs profils à l’étranger. Ainsi, pas moins de 120 nationalités sont présentes sur le campus. L’EPFL a des relations étroites avec des laboratoires et les universités cantonales voisines, à commencer par l’Université de Lausanne (UNIL) dont le campus jouxte celui de l’école. L’interdisciplinarité est au centre des activités de ces institutions, et elles partagent facilement ressources et équipements afin de la promouvoir. Cette attractivité passe aussi par une volonté de créer des lieux qui sont à la fois des bâtiments emblématiques (« flagships »), répondent à des besoins immédiats du campus et anticipent des usages futurs. Ce fut le cas pour le Rolex Learning Center des architectes japonais SANAA, mais aussi pour le SwissTech Convention Center (STCC). « A l’origine, il y avait un besoin d’une salle de 3000 places pour la remise des diplômes de l’école, qui se tenait auparavant dans un chapiteau provisoire au mois de juin », nous explique Cédric Hale-Woods, conseiller de vente au STCC. A cette demande des étudiants et de l’administration, la Vice-Présidence pour les ressources humaines et opérations réagit en projetant un centre de congrès scientifiques d’ampleur régionale dont les espaces sont tous modulables afin de maximiser le nombre d’usages possibles. La majeur partie du financement du STCC provient d’un montage où le Crédit Suisse paie la construction du bâtiment puis loue le centre à l’EPFL, qui le rentabilise en y organisant des manifestations très régulièrement. « Aujourd’hui nous avons un événement environ deux à trois fois par semaine […] Cela nous permet de rentrer dans nos frais et de proposer cet espace exceptionnel aux différents acteurs de l’EPFL », tout en accentuant le rayonnement de l’école auprès des entreprises et institutions suisses et européennes.

L’EPFL est une institution qui mise sur un recrutement méritocratique. A la sortie de première année, environ un tiers des étudiants inscrits au départ poursuit sans encombre en licence 2, tandis que les autres sont pour partie admis dans un cycle de rattrapage ou remerciés. L’école mise sur l’excellence académique de ses étudiants et enseignants pour être leader en Europe. C’est un système qui a les mêmes objectifs que celui des grandes écoles en France. Pourtant son jeune âge (l’EPFL fêtera ses 50 ans l’année prochaine) lui assure une grande agilité dans ses choix stratégiques, lui permettant de se positionner rapidement sur tous les projets portés par ses différents acteurs. C’est de cette agilité que nos campus de l’hexagone devraient, il nous semble, s’inspirer largement. Si le contexte économique et la situation géographique de l’EPFL sont donc bien différents de ceux des Arts et Métiers à Paris, nous retenons que les lieux y sont toujours utilisés comme premier laboratoire des innovations développées. Cela assure à l’école une innovation systémique constante et une visibilité exceptionnelles, qu’il s’agisse du Learning Center de SANAA pour la manière de travailler des étudiants, ou d’innovations intégrées plus discrètes, comme les panneaux solaires à photosynthèse du professeur Graetzel dans les parois du STCC.

C’est ce type de démarche que nous souhaitons voir transposées dans le projet sur le #CarréPichon

Clément Tafin