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FOCUS – Portrait de chercheur : Noémie MERLEAU-PONTY

hesam
Publié le 27/11/2015 , HESAM Université, Chercheurs

Cette semaine, focus sur Noémie MERLEAU-PONTY, doctorante à l'EHESS, financée par la bourse Humboldt d'HESAM Université et de son programme Paris Nouveaux Mondes.

Qui êtes-vous Noémie MERLEAU-PONTY ?

Je viens tout juste de soutenir une thèse de doctorat intitulée Cultures humaines in vitro. Ethnographie comparative de laboratoires (Inde-France) à l’EHESS, Laboratoire LAIOS, dirigée par Enric Porqueres i Gené et Pr. René Frydman. Je suis titulaire depuis 2014 d’une bourse Humboldt HESAM Université finançant une 4eme année de thèse.

Quel est votre projet de recherche ?

Dans ce travail, je m’intéresse conjointement à l’assistance médicale à la procréation et à la recherche fondamentale. Cette double approche permet de suivre la conception d’embryons humains en laboratoires, leur culture, leur sélection pour des transferts ou leur don à la recherche. Réalisant une ethnographie située dans plusieurs laboratoires en Inde et en France, ce sont les processus, trajectoires et destinations multiples de ces entités biologiques qui font l’objet de l’étude. Jouant sur le double sens du mot « culture » – la culture biologique des cellules et la culture au sens de l’anthropologie sociale – je cherche à établir comment la rationalité technoscientifique, partagée à une échelle globale par la communauté des biologistes, s’entremêle à des problématiques locales au sein desquelles le sens à donner à la vie humaine peut varier. Parenté, bioéthique, normes juridiques et économie sont les différents aspects que j’étudie pour comprendre comment des cellules jugées et manipulées selon des critères biologiques similaires sont cependant qualifiées par des réalités culturelles variables. Tout comme les connaissances de la science biologique peuvent sortir des laboratoires pour irriguer différentes institutions sociales et représentations personnelles, l’hypothèse de ce travail a été que différents aspects de la société sont entrés dans les laboratoires pour orienter la manière dont les cellules sont cultivées in vitro. À l’aide de ce cadre analytique, l’Inde apparaît comme un pays promoteur de l’innovation et instable du point de vue des normes éthiques. La rationalité bioscientifique y est considérée comme un outil pragmatique. Les débats de bioéthique concernent le statut et le rôle de l’objectivité dans la relation thérapeutique et commerciale ainsi que dans la communauté scientifique globale. La France apparaît comme un pays très précautionneux vis-à-vis des innovations biotechnologiques, considérées comme recelant un risque de réification et de commercialisation des éléments du corps humain. Les entités embryonnaires humaines sont particulièrement protégées par les institutions publiques.

A quel stade de développement en êtes-vous ?

La bourse Humboldt d’HESAM Université permet de terminer un projet de thèse dans les meilleures conditions possibles, grâce à l’adjonction d’une quatrième année de contrat doctoral. Cette opportunité fut importante dans la mesure où il était inenvisageable de terminer mon doctorat en trois ans alors que j’avais passé deux ans sur le terrain. Par ailleurs, sans cette bourse, je n’aurais très probablement pas pu terminer ce travail en quatre ans.

Vos ambitions suite à ce projet ?

Je souhaite continuer la recherche en anthropologie du corps et de la vie. En 2016, je vais réaliser un post-doctorat au MIT (Cambridge, Etats-Unis) qui sera dédié à l’étude de plusieurs essais cliniques de phase 1 utilisant des cellules souches embryonnaires humaines. De la médecine reproductive, en passant par la recherche fondamentale, je souhaite étendre mes travaux à l’étude de la médecine régénérative standardisée qui s’annonce dans plusieurs pays du monde.