FOCUS – Portrait de chercheur : Flaurette GAUTIER
Cette semaine, focus sur Flaurette GAUTIER, doctorante à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, financée par heSam université et son programme Paris Nouveaux Mondes.
Flaurette GAUTIER, qui êtes-vous ?
Je prépare depuis fin 2012 une thèse de doctorat en histoire de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Pr. Pascal Rousseau intitulée Le « Mystère Cubiste ». Contribution à l’étude de la réception critique du cubisme (1906-1914). Ce projet de recherche a été financé entre 2012 et 2015 par un contrat doctoral alloué par HESAM Université et son programme Paris Nouveaux Mondes.
Quel est votre projet de recherche ?
Initialement, mon projet de thèse, intitulé « Cubisme et Occulture », proposait de relire la réception critique du cubisme à partir du prisme d’une « occulture », un néologisme forgé par le sociologue Christopher Partridge pour désigner le « réservoir de croyances, de pratiques et d’idées » alternatif dans lequel l’art moderne a puisé une part non négligeable de ses sources. En mettant en évidence l’ancrage du cubisme dans le contexte spiritualisant du passage du siècle, une approche inaugurée par l’importante exposition The Spiritual in Art, Abstract Painting 1890-1985 orchestrée par Maurice Tuchman au Lacma de Los Angeles en 1985, l’objectif était de proposer une histoire culturelle et inédite du cubisme. Différents constats dégagés au cours de cette recherche m’ont amenée à reconfigurer en partie mon projet, qui porte désormais le titre « « Le Mystère Cubiste ». Contribution à l’étude de la réception critique du cubisme (1906-1914) ». L’absence d’anthologie critique sur le cubisme dans le paysage historiographique francophone et, a fortiori, français a, sans conteste, constitué un des facteurs majeurs de cette réorientation. L’imposant corpus réuni pour ma thèse, qui rassemble un ensemble de textes critiques et d’images satiriques, constitue en ce sens une recherche originale qui, je l’espère, fera l’objet d’une publication ultérieure. L’amplitude des réactions critiques négatives récoltées au cours de ce travail, loin d’être anecdotique, offre au contraire de nouvelles perspectives d’analyse, transversales et plurielles permettant de dresser une histoire hétéronome du cubisme. La première partie du titre de mon projet de thèse, qui est un emprunt direct à une enquête sur le cubisme publiée par le journal L’Eclair en janvier 1912, fait explicitement référence à la crispation provoquée par l’arrivée du cubisme dans le champ critique. L’enjeu de ce travail est de montrer que cette résistance critique est essentiellement fondée sur un soupçon d’hermétisme à l’encontre des peintres cubistes, accusés de produire un art occulte à force d’inintelligibilité.
A quel stade de développement en êtes-vous ?
Le contrat doctoral d’une durée de trois ans alloué par HESAM Université m’ayant permis de rassembler dans des conditions optimales la majeure partie des sources, archives et documentation nécessaires à l’élaboration de mon projet de recherche, les mois qui viennent seront consacrés à la rédaction de ma thèse et à la réalisation d’un appareil documentaire et critique suffisamment dense et complet pour envisager sa publication future.
Que vous a apporté votre collaboration avec HESAM université ?
Le financement proposé par HESAM université m’a donné la possibilité d’inscrire mon projet de recherche dans un cadre interdisciplinaire (histoire de l’art, théorie de la réception, études ésotériques, etc.) et de valoriser sa dimension internationale. Il s’agissait non seulement d’envisager le mouvement cubiste comme un mouvement international, à travers sa réception critique et la diffusion de ses idées, mais aussi de lier, au cours de ma trajectoire personnelle, des liens étroits avec des chercheurs étrangers. C’est ainsi que j’ai eu l’occasion de présenter mes travaux en Suède et au Danemark et d’effectuer un séjour de recherche aux Pays-Bas, financés respectivement par l’INHA et le réseau franco-néerlandais. Ces collaborations ont abouti à la mise en place d’un réseau de chercheurs venus d’horizons universitaires divers, le Esoteric Modernism Network , au sein duquel j’occupe une part active.
Vos ambitions suite à ce projet ?
Unique par son ampleur, l’anthologie sur laquelle je travaille depuis le début de mon contrat doctoral fera, je l’espère vivement, l’objet d’une publication ultérieure. J’ai par ailleurs eu la chance de collaborer à différentes expositions au cours de mon doctorat : une exposition monographique sur Jean Delville au Musée Rops de Namur, et, de manière plus poussée, à l’exposition « Cosa Mentale. Art et Télépathie au XXème siècle » présentée actuellement par Pr. Pascal Rousseau au Centre Pompidou-Metz. Un second volet, consacré aux relations entre art et hypnose est en préparation. D’autre part, le cycle de conférences « Les Intermédiaires », consacré à la question du genre, auquel je prends part en tant que membre du comité d’organisation et intervenante ponctuelle depuis 2014, sera reconduit en 2016. Je contribue également à la Bibliographie des critiques d’art francophones des années 1880 à l’Entre-deux-guerres, un programme de recherche du LABEX CAP sous la responsabilité de Marie Gispert et Catherine Méneux (Université Paris 1 – HiCSA). Enfin, la communication présentée dans le cadre du colloque Esoteric Modernism. The Influence of Esotericism on Modernist Culture organisé par Henrik Bogdan à l’université d’Aarhus sous le titre « L’Art pur. Aguéli and Apollinaire towards Cubism » est en cours de publication.
A l’issue de ma thèse de doctorat, je postulerai à des postes d’A.T.E.R. en histoire de l’art afin, à terme, d’obtenir le statut de maître de conférences. L’enseignement a constitué ces trois dernières années une part non négligeable et extrêmement enrichissante de mes activités au sein de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Lauréate du CAPES de Lettres Modernes, cette expérience m’a encouragé à me présenter aux épreuves de l’agrégation cette année.