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#HESAMenmobilité - Marcos COLINA

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Publié le 25/01/2023 , HESAM Université, Doctorants

Marcos COLINA est un doctorant des laboratoires « LET — Laboratoire Espace travail » et « LAVUE — laboratoire Architecture Ville Urbanisme Environnement », de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La-Villette (ENSAPLV), et inscrit à l’École doctorale Abbé Grégoire.

Destination de la mobilité : au sein de l’Université centrale de Vénézuéla « la Universidad Central de Vénézuéla », Caracas, au Vénézuéla.

Durée de la mobilité de stage : 4 mois et 3 jours.

Présentation

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour, je m’appelle Marcos Colina. Je suis architecte de formation. Depuis mon diplôme, j’ai intégré des équipes de travail qui s’intéressaient aux projets d’espaces publics (dans la ville planifiée, puis dans la ville autoproduite par ses habitants, en France couramment connues sous le nom de bidonvilles). Cela a rapidement marqué mes intérêts professionnels et académiques, jusqu’à en faire une thèse.

Quel est votre parcours ?

J’ai eu mon diplôme d’architecte au Vénézuéla en 2014. En parallèle, j’ai suivi des cours de français qui m’ont sensibilisé à la culture et l’architecture francophone, et m’ont conduit à candidater pour une mobilité internationale pour la Belgique. Celle-ci a eu lieu en 2012-2013 pour le cycle de master 2. Après mon retour au Vénézuéla, j’ai eu mon diplôme et démarré une carrière professionnelle dans le domaine de l’aménagement de la ville dans différents organismes publics et privés, ainsi qu’au sein d’un collectif d’architecture que j’ai fondé avec des collègues et des amis de l’école. Quelques années plus tard, j’ai commencé un mastère spécialisé en projet d’architecture à Caracas, puis voyagé en Équateur pour un nouveau poste de chef de projet et travaillé dans le domaine des équipements publics en ville. En 2019, je suis arrivé en France pour débuter un post-master en développement communautaire et territorial à l’ENSAP de Bordeaux (DPEA RBW), puis un post-master en recherche en architecture à l’ENSA Paris-La-Villette suivi de mon inscription en doctorat à HESAM Université. J’ai aussi enseigné dans différentes universités et écoles d’architecture au Vénézuéla et participé à des séminaires ou encore des jurys de Projet de fin d’études (PFE), entre autres activités académiques et d’extension universitaire.

Où faites-vous votre doctorat ?

J’ai intégré le Laboratoire Espaces Travail (LET) qui fait partie de l’UMR Laboratoire Ville, Urbanisme et Environnement (UMR LAVUE) et je fais ma thèse sous la direction de Jodelle Zetlaoui-Léger et Bendicht Weber pour le LET et Florinda Amaya pour la FAU UCV (la faculté d’architecture de la Universidad Central de Vénézuéla). En synthèse, ma recherche porte sur la manière dont les professionnels, les habitants, les activistes et les fonctionnaires collaborent pour l’aménagement de la ville autoproduite, m’intéressant aux formes de circulation des savoirs et savoir-faire au sein de ces types d’opérations. J’étudie ainsi des projets réalisés depuis 2010 à Caracas, Vénézuéla (année charnière pour la reformulation de certaines politiques publiques à la suite de catastrophes naturelles qui ont impacté le pays et en plus grande mesure ces quartiers populaires dans la capitale). Ces projets, considérés par certains comme des expériences, voire des expérimentations, utilisent ces territoires comme des laboratoires pour tester des manières de concevoir, de faire, d’interagir et d’apprendre. À l’aune des enjeux climatiques, sociaux et économiques contemporains, ces opérations semblent offrir des pistes sur les différentes formes d’engagement citoyen et professionnel pour aménager le territoire différemment, cherchant à améliorer les conditions de l’habitat sans pour autant affecter négativement l’environnement. Finalement, ce travail porte une réflexion sur la configuration des circuits d’économie matérielle qui participe à la production, la transformation et la consolidation de ces territoires dans le temps.

Volet Erasmus+

Pourquoi avez-vous souhaité partir en mobilité dans le cadre de votre doctorat ?

D’une part, en ayant le terrain de la recherche déjà identifié à Caracas, la bourse Erasmus+ était une opportunité pour moi. Néanmoins, la mobilité n’était pas seulement prévue pour faire des études sur le terrain, mais surtout pour avoir l’occasion d’interagir avec des chercheurs et chercheuses sur site qui travaillent sur des sujets analogues. Dans ce sens, la mobilité portait surtout sur ma participation à la fois à un institut d’études urbaines existant à l’Université Centrale de Vénézuéla qui porte depuis de nombreuses années des recherches sur la ville autoproduite, et à l’accompagnement de projets urbains qui portent sur ce même sujet. Dans ce cadre, j’ai même eu l’occasion de rencontrer et échanger avec des chercheuses émérites telles que Teolinda Bolivar qui a été la première Vénézuélienne à soutenir une thèse en France sur le sujet en 1987. Cet institut a été reconnu internationalement en nombre d’occasions, pour la qualité de ses recherches et découvertes partagées avec le reste de l’Amérique latine, ce qui a permis la publication d’ouvrages collectifs de consultation obligatoire à niveau mondial. Finalement, la délocalisation de la pensée en action, ainsi que la découverte du regard des habitants, des professionnels, des chercheurs et des enseignants vénézuéliens, était une occasion unique pour alimenter la réflexion de mon propre travail de recherche. Finalement, la visite de deux professeurs français dans le cadre d’un réseau de coopération scientifique internationale déjà existant (Réseau Marcel Roche) a permis d’enrichir encore davantage le séjour, toujours au service de mon propre travail de thèse.

Quelles vont être les suites de cette mobilité ? Comment cette mobilité s’inscrit-elle dans le cadre de votre doctorat (de votre travail de recherche et de formation) ?

D’une part, ce travail de terrain constitue un corpus privilégié de ma recherche, constitué des observations sur site, des entretiens, des parcours commentés, des ressources bibliographiques locales, des échanges avec les habitants… D’une autre, développer des relations académiques avec l’Université centrale de Vénézuéla est un enjeu majeur pour cette recherche. Je souhaite qu’elle ne reste pas comme un manuscrit à être validé, mais soit un vrai outil de production de la connaissance et d’encouragement des discussions entre ces deux pays. Finalement, qu’elle encourage d’autres étudiants français et vénézuéliens à s’intéresser à ce sujet, à échanger par le biais de la recherche et de la mobilité et à partager des expériences.

Comment avez-vous préparé votre mobilité ?

Mon travail de terrain à Caracas était prévu depuis le début de la thèse, mais sa préparation a pris quelques mois. Il faut prendre contact avec l’établissement d’origine, bien connaître les démarches administratives, préciser le calendrier d’activités… Il faut préparer la mobilité pendant quelques mois, et surtout bien prévoir que les activités à mener soient d’utilité pour le travail de recherche. La mobilité est l’occasion de découvrir un autre contexte géographique et intellectuel, mais aussi un espace où, en tant que doctorants, nous avons un rôle à jouer (soit en tant qu’acteur intégré à part entière, soit comme participant observant, soit comme observateur distancié…) et qui doit être discuté avec la direction de thèse et l’établissement d’accueil avant même de partir.

Comment avez-vous trouvé votre terrain et votre laboratoire d’accueil à l’étranger ?

À partir des recherches bibliographiques, des entretiens exploratoires menés au préalable de mon travail de thèse et des différents entretiens avec des potentiels encadrants de thèse sur site. Mes directeurs de thèse en France m’ont aussi accompagné dans cette recherche en identifiant les réseaux scientifiques et accords bilatéraux entre pays existants ainsi que l’intérêt que cela pouvait avoir pour mon travail.

Pourquoi avez-vous décidé de travailler sur un terrain hors France ?

La réalité latino-américaine et plus précisément vénézuélienne est singulière et majoritairement distante des pays européens et francophones. Néanmoins, les enjeux urbains qui traversent les deux contextes retrouvent des points communs quant aux processus de projet, d’aménagement, d’écologie, d’économie urbaine… Le dépaysement assumé dans ma recherche se fonde sur l’idée qu’apprendre ailleurs permet de regarder différemment les problèmes que nous avons en France. Par exemple, les discussions autour de la participation citoyenne en France dans le cadre de l’aménagement des villes pourront beaucoup se servir des expériences vénézuéliennes où les habitants sont porteurs des leviers de transformations plus directes du paysage bâti et non-bâti. D’autres dimensions pourront aussi se voir interpeler par ces réalités qui sont présentes dans beaucoup d’autres pays dans le monde, en Asie, en Afrique, et même dans les territoires les plus démunis de l’Europe.

Qu’est-ce que cela apporte d’un point de vue personnel de partir en mobilité en doctorat ?

La rencontre avec d’autres cultures, d’autres situations géographiques et urbaines et d’autres conceptions et représentations du monde apporte en grande mesure à la construction de l’être. Dans mon cas particulier, rencontrer ma propre culture avec un regard autre (celui de la recherche) m’a permis de redécouvrir la richesse et la singularité de nombre des situations qui, auparavant, étaient quotidiennes, voire sans intérêt. Cette prise de conscience, induite par le changement du regard, qui permet de redécouvrir des endroits, des cultures et des personnes, est un apprentissage personnel primordial de mon séjour au Vénézuéla, dans le cadre d’Erasmus+.

Est-ce une expérience que vous recommanderiez ? Avez-vous des conseils à partager avec les autres doctorants d’HESAM Université ?

Moi-même, étant en mobilité permanente depuis quelques années (Vénézuéla, Belgique, Équateur, France), je comprends cette expérience comme une occasion unique pour enrichir l’être et la recherche. J’invite ainsi tous les doctorants d’HESAM Université à se déplacer en Europe ou ailleurs, pour découvrir des personnes et des espaces, pour la discussion, pour le partage et pour l’échange des savoirs qui seront toujours un atout dans tout travail de thèse. Les bourses Erasmus+ ne sont pas très connues par les doctorants et je vous invite à diffuser auprès de vos réseaux ces appels à candidatures. Dernier conseil : toujours s’insérer à part entière dans la structure d’accueil et privilégier une participation active dans tous les espaces et les situations possibles, car elles sont dans la plupart de cas, le cœur des travaux de thèse.

Merci beaucoup à Erasmus+ et bon courage pour la suite !

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