FOCUS – Portrait de chercheur : Juliette ROLLIER-HANSELMANN
Cette semaine, focus sur Juliette ROLLIER-HANSELMANN, chercheur associé aux Arts et Métiers Cluny et au LABORATOIRE ARAR (Archéologie et Archéométrie). Elle est également porteuse du projet Synergie "Portails romans de France en 3D", financé par HESAM Université et le programme Paris Nouveaux Mondes.
Juliette ROLLIER-HANSELMANN, qui êtes-vous ?
Après avoir été pendant près de vingt ans artisan indépendant spécialisé en conservation-restauration de tableaux et de peintures murales (agrément Monuments historiques et Musées de France), je suis actuellement chargée de recherche en patrimoine ancien et virtuel à l’Institut Image (Chalon-sur-Saône) des Arts et Métiers de Cluny. Je suis également depuis 2012 en charge du projet Synergie HESAM Université « Portails romans de France en 3D ».
Quel est votre projet de recherche ?
La France est riche en façades sculptées du XIIème siècle, uniques en Europe, dont certaines sont classées au patrimoine mondial de l’Unesco (Vézelay, St-Benoît-sur-Loire, Conques). Malheureusement nombreuses sont les œuvres qui sont fortement menacées par les effets climatiques (pluie, gel, érosion, pollution, etc.), si bien qu’il est urgent de créer un « conservatoire numérique » des sculptures afin de garder en mémoire leur état actuel car nous ne pourrons pas tout préserver pour les générations futures.
Notre projet permet d’effectuer plusieurs travaux d’envergure :
- établir une sorte d’état des lieux sur une série de façades sculptées particulièrement riches et intéressantes,
- réaliser des campagnes de scannings importantes et inédites à ce jour ;
- étudier les méthodes de constructions médiévales (en partenariat avec l’Université Lyon2)
Il en résulte une grande base de données qui pourrait être rendue accessible à tous et enrichie par d’autres projets par la suite.
A partir de nos données, il est également possible de développer divers outils de médiation culturelle à destination d’un public large.
A quel stade de développement en êtes-vous ?
Le projet « Portails romans de France en 3D » a permis de scanner au laser une dizaine de façades (soit 15 tympans au total) en Bourgogne et dans d’autres régions, ce qui représente 250 scans, soit plus de 635 Go de données, sans compter la documentation associée à l’étude (photographies anciennes, fiches techniques, relevés/schémas de montage des portails, constat d’état de la pierre, des couleurs, etc.).
Nous sommes en train de finaliser la publication des actes du colloque international qui s’est tenu en novembre 2014 à Paris (INHA) et qui a permis de réunir des spécialistes de plusieurs pays autour de ces questions (Italie, Espagne, Belgique).
Nous préparons aussi une animation/film sur le portail de Conques (Aveyron), lieu emblématique du chemin de Compostelle qui voit défiler des milliers de touristes chaque année. Nous espérons ainsi sensibiliser le public et les spécialistes aux problématiques de conservation du patrimoine monumental national et européen.
Que vous a apporté votre collaboration avec HESAM Université ?
Précédemment, nous avions tenté plusieurs dépôts de projet sur la même thématique, avec l’Université Lyon 2, mais cela n’a jamais abouti. La plurisciplinarité est nécessaire pour répondre à notre enjeu de taille, si bien que HESAM nous paraissait une excellente possibilité pour élargir le champ des SHS vers les nouvelles technologies.
Vos ambitions suite à ce projet ?
Nous avons déposé un projet européen avec cinq autres pays, intitulé « Cultheritic » (Cultural Heritage –New technologies to acquire, catalogue, publish and visualize tangible Cultural Heritage) visant non seulement à étendre notre travail de numérisation des façades sculptées du XII ème siècle vers l’Italie et l’Espagne, mais également pour harmoniser les méthodes techniques avec nos voisins européens. Nous attendons les résultats de notre dépôt de projet avec beaucoup d’espoir.
Si cela ne fonctionne pas, nous aimerions déposer d’autres projets sur le patrimoine monumental en danger.