FOCUS – Portrait de chercheur : Céline ROSSELIN-BAREILLE
Cette semaine, focus sur Céline ROSSELIN-BAREILLE, enseignante - chercheure à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est porteuse d'un projet recherche, financé par heSam université.
Céline ROSSELIN-BAREILLE, qui êtes-vous ?
Enseignante-chercheure, je suis membre du laboratoire le CETCOPRA de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (par délégation – Université d’Orléans) et porteuse, depuis mai 2015, d’un projet recherche baptisé RUDOLF « Rôle et Usage Dynamique des Objets dans Les interactions Formatives », sélectionné et financé par HESAM Université.
Quels sont vos domaines de recherche ? Vos principales problématiques ?
Anthropologue de la culture matérielle, je m’intéresse depuis les années 1990 à la façon dont les individus se construisent dans les objets, les matières, les formes, avec lesquelles ils interagissent. Dans ce cadre, je mène actuellement une recherche sur les scaphandriers non autonomes, ouvriers du BTP, formés pour travailler dans des environnements et des cultures matérielles spécifiques.
Membre du CETCOPRA depuis 2014, j’ai souhaité inviter d’autres chercheurs, notamment des ergonomes du CNAM (équipe CRTD) et des architectes de l’ENSA Paris – La Villette (UMR AUSser), à réfléchir sur les liens entre cette question du devenir des humains, la formation et les objets.
Cette démarche est la conséquence d’un parcours marqué par un intérêt pour la pluridisciplinarité, les espaces (Thèse en anthropologie sociale à Paris V – au sein de l’équipe Matière à Penser sur l’appropriation des espaces du logement) et l’ergonomie à travers des collaborations de recherches (par exemple, sur l’usage intensif des Smartphones par les adolescents) ou de formations (Master d’Ergonomie de l’Université d’Orléans).
C’est ainsi qu’est né le projet Rudolf, un beau compromis, à mon sens, entre les différents objets et champs qui m’intéressent de longue date.
Quel est votre projet de recherche HESAM Université ? Quelles sont ses ambitions ?
Nous avons posé d’emblée la nécessité de répondre, à travers le projet Rudolf, à un triple enjeu : scientifique, pédagogique et de conception.
A un niveau scientifique, la littérature tend à distinguer l’usage des artefacts pour l’apprentissage et le développement, d’une part, et l’usage des artefacts pour l’enseignement, d’autre part. Or, nous posons l’hypothèse que les objets présents dans les situations pédagogiques rendent possible l’articulation de ces processus en apparence disjoints que sont l’enseignement et l’apprentissage-développement. Nous avons choisi ainsi de documenter la matérialité des échanges pédagogiques en étudiant l’usage de maquettes dans la formation d’ergonomes et d’architectes.
Trois entrées dans cet objet sont privilégiées :
- le « savoir de la main » qui crée et manipule la maquette ;
- la rencontre des intentions pédagogiques des enseignants et de leur appropriation par les élèves ;
- la création, par le travail collectif autour des maquettes, d’une identité professionnelle.
Le recueil des données est réalisé conjointement par des chercheurs et des étudiants stagiaires, au cours d’enseignements au sein des équipes impliquées dans le projet. C’est dans cette collaboration que nous envisageons la dimension formative du projet, qui a aussi une ambition de conception de situations de formations pertinentes.
A quel stade de développement en êtes-vous ?
Après avoir répertorié, au sein des laboratoires représentés, des situations formatives se prêtant à l’étude du rôle et des usages des objets, nous avons sélectionné des situations-cibles pertinentes, l’objectif étant d’analyser les activités réelles de formation dans différentes situations : formation initiale ou continue, d’élèves-ergonomes seuls ou d’élèves-ergonomes en interaction avec des élèves-architectes, d’ergonomes et d’architectes professionnels.
Que vous a apporté votre collaboration avec HESAM Université ?
Les conditions d’acceptation et de financement du projet par HESAM Université imposaient la collaboration de plusieurs équipes de recherche. C’était une occasion rêvée de mettre en œuvre une approche pluridisciplinaire des liens entre les objets pédagogiques et la formation de futurs professionnels : ergonomie socio-cognitive, histoire de l’architecture et socio-anthropologie croisent ainsi leurs regards, leurs méthodes, leurs concepts pour tenter de définir un objet commun et répondre ensemble aux trois objectifs de recherche, de formation et de conception visés.
Vos ambitions suite à ce projet ?
Selon les résultats obtenus lors de ce premier projet, nous pouvons envisager d’ouvrir à d’autres champs disciplinaires également concernés par ces questions : designers et ingénieurs, par exemple ; d’élargir l’investigation aux objets virtuels ; de concevoir et de produire des objets et des dispositifs pédagogiques ergonomiquement fondés.