FOCUS – Portrait de chercheur : Sylvie AYIMPAM
Focus sur Sylvie AYIMPAM, chercheuse financée par HESAM Université et son programme Paris Nouveaux Mondes pour un post-doc Germaine-Tillion.
Sylvie AYIMPAM, qui êtes-vous ?
Je suis docteur en sciences politiques et sociales de l’Université catholique de Louvain. Dans le cadre de ma thèse de doctorat, j’ai conduit une longue enquête ethnographique sur le petit commerce informel dans deux marchés de la ville de Kinshasa. Parallèlement à cette recherche doctorale, j’ai participé à plusieurs programmes de recherche, notamment un programme ACI soutenu par le ministère français de la recherche sur la citadinité et la sociabilité dans les villes africaines, ou encore un projet ANR sur les violences sociales ordinaires en Afrique.
Je suis actuellement Team leader pour le Congo-Kinshasa dans le cadre du programme « Ethnographic Study on Mobile Money in Africa » de l’African Studies Centre de Leiden (Pays-Bas), soutenu par l’International Finance Corporation (IFC).Dans le cadre de mes recherches, j’ai bénéficié en 2014 d’un contrat Germaine-Tillion, m’ayant permis de réaliser un post-doc au sein de l’Institut des Mondes Africains (UMR 8171 CNRS – 243 IRD).
Quel est votre projet de recherche ?
Le projet de recherche que j’ai proposé à heSam Université a pour thème Les Normes sociales dans l’Afrique contemporaine : l’informel et la régulation sociale en Afrique Centrale. L’ambition de cette recherche postdoctorale, axée sur les organisations de défense des intérêts des petits commerçants du marché, est d’analyser les formes de régulation politique au sein de l’économie informelle, et plus particulièrement au sein du petit commerce informel.
A quel stade de développement en êtes-vous ?
J’ai mené une étude ethnographique basée sur des observations sur le terrain et sur des entretiens approfondis avec des leaders des organisations syndicales, des leaders des commerçants de rue, leurs conseillers, les membres des organisations syndicales et d’autres acteurs économiques et politiques du secteur du Grand marché et du centre de la ville. J’ai focalisé mon attention sur les différentes formes d’organisation politique que les petits commerçants du marché et des rues situées dans le cœur historique de la ville de Kinshasa développent depuis quelques années d’une part pour obtenir, utiliser et se distribuer l’espace public (principalement la voirie qui est leur lieu de vente), et d’autre part défendre leurs intérêts contre des concurrences vécues comme déloyales (telles l’arrivée des petits commerçants chinois dans le secteur du micro-commerce à Kinshasa), mais aussi contre les décisions politiques vécues comme abusives (telles cet impôt forfaitaire sur les revenus du petit commerce ou encore la panoplie de taxes diverses qui leur sont imposées régulièrement). J’en suis actuellement au stade de la discussion et de la présentation des premiers résultats de la recherche.
Que vous a apporté votre collaboration avec HESAM Université ?
Je me suis tournée vers HESAM Université, car elle propose deux axes de recherche dont le croisement se trouve au cœur de mes préoccupations de recherche de ces dernières années :
1° L’axe Norma qui porte sur la question des normes sur laquelle je travaille,
2° L’axe Afrique, qui est ma zone géographique de spécialisation.
La ComUE m’a donné les moyens financiers de développer mon projet de recherche. Elle m’a par ailleurs donné l’occasion de nouer des nouvelles collaborations scientifiques dans le cadre des séminaires de recherche, des projets de publication, et dans la participation à des équipes internationales de recherche, notamment avec l’Italie et les Pays-Bas.
Vos ambitions suite à ce projet ?
La recherche postdoctorale est une première étape dans le développement d’un important programme de recherche, qui va couvrir mon travail des cinq prochaines années. Je suis en effet, en train de développer un programme de recherche plus ambitieux, dont les bases sont progressivement posées dans mon carnet de recherche en ligne « Revin ». Ce programme a pour objectifs de développer une réflexion réunissant trois axes de recherche sur lesquels j’ai travaillé de manière indépendante et autour desquels je continue à développer ma réflexion scientifique : la question de la régulation sociale, des normes pratiques et de l’informalité, la question des violences sociales ordinaires, et la question de l’incertitude.