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FOCUS – Portrait de chercheur : Mathilde JEAN

hesam
Publié le 22/01/2016 , HESAM Université, Chercheurs

Cette semaine, focus sur Mathilde JEAN, doctorante à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, financée pour un contrat doctoral par HESAM Université et son programme Paris Nouveaux Mondes.

Mathilde JEAN, qui êtes-vous ?

Je suis doctorante à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 – ArScAn, où je prépare une thèse intitulée Artisanat céramique au Levant nord à l’âge du Bronze : matériaux, provenance et échanges, sous la direction de Pascal Butterlin (Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Je bénéficie depuis 2014 d’un contrat doctoral Paris Nouveaux Mondes.

Quel est votre projet de recherche ?

Mes recherches s’inscrivent dans le cadre d’une thèse de doctorat en Archéologie du Proche-Orient ancien. Je cherche à comprendre, d’un point de vue anthropologique, social et économique, l’organisation des sociétés et leurs interactions au Levant nord (Syrie et Liban actuels) à l’âge du Bronze Ancien, au IIIe millénaire avant J.-C.

J’ai choisi la céramique comme support de réflexion : c’est en effet le vestige le plus largement mis au jour sur tous les sites du Proche-Orient ancien et qui, par son implication dans tous les usages du quotidien, est à même d’éclairer de nombreux aspects des sociétés passées. Prenant en compte tous les types d’information dont ces objets sont porteurs, de leur contexte de découverte à leur forme, leur décor, leur fonction et leurs techniques de fabrication, c’est sur les matériaux employés pour la réalisation de ces céramiques que se concentre mon travail.

Par l’étude des pâtes céramiques, je peux appréhender le domaine technique des groupes humains étudiés, à l’échelle d’un même site archéologique ou d’une région. Ainsi, à l’échelle d’un site, je m’intéresse à l’organisation de l’artisanat potier : déterminer si la production est issue d’ateliers ou d’un cadre familial, si elle est affaire de spécialistes, ou encore quels moyens temporels et matériels sont mis en œuvre. J’étudie les choix de matières premières : quelle matière première est employée pour quel type de vase ? est-ce un choix technique ? peut-on observer et interpréter des évolutions au cours du temps ? Enfin, j’essaie de définir les stratégies d’approvisionnement en matières premières et donc d’exploitation du territoire autour du site producteur. À l’échelle régionale, mes recherches visent à identifier des céramiques exogènes ayant pu faire l’objet d’échanges entre différents sites, et à définir les modalités de ces échanges : selon quels réseaux ? à quelle distance ? quels types de biens sont échangés ? pourquoi ?

À quel stade de développement en êtes-vous ?

Débutant ma deuxième année de thèse, je mène actuellement l’étude des différents corpus choisis sur des sites majeurs ou secondaires de Syrie occidentale et du Liban. En parallèle de ce travail matériel, des recherches bibliographiques me permettent de replacer mon projet dans son contexte historiographique, archéologique et anthropologique.
Je souhaite ainsi, à l’issue de cette thèse, proposer de nouvelles données et conclusions inédites pour mon domaine de recherche, basées sur des corpus d’envergure, ainsi qu’une nouvelle synthèse à la fois locale et régionale de la question de l’artisanat céramique et des échanges au Levant nord au IIIe millénaire avant J.-C. Ce travail comblera ainsi certaines des lacunes de la recherche actuelle, qui pâtit souvent de l’étude d’ensembles céramiques trop réduits ou manque d’une vision globale des phénomènes à l’échelle régionale.

Que vous a apporté votre collaboration avec HESAM Université ?

Mener à bien ce projet de recherche induisait de mettre en œuvre des compétences multiples. L’étude des pâtes céramiques, portant sur des matériaux minéraux (bien qu’associés et modifiés par l’homme), nécessite en effet des méthodes issues des sciences de la Terre pour répondre aux problématiques archéologiques : la principale d’entre elles est l’observation de lames minces de céramiques archéologiques au microscope polarisant, telle qu’elle est pratiquée en géologie. Grâce à cette méthode, il est possible de décrire les différents constituants des pâtes céramiques et d’identifier la nature minéralogique des inclusions, pour ainsi retracer leur origine géologique et géographique.

C’est donc pour son caractère transversal et pluridisciplinaire que je me suis tournée vers la ComUE HESAM Université. Mon projet a retenu l’attention du jury, qui a accepté de le financer en m’attribuant un contrat doctoral de trois ans grâce auquel je peux me consacrer pleinement à ce travail de thèse. Je bénéficie également du rayonnement de la ComUE au sein du monde de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche pour faire résonner plus largement ma recherche.

Vos ambitions suite à ce projet ?

Il est à mes yeux essentiel de continuer à soutenir, développer et mettre en valeur les recherches archéologiques au Proche-Orient. Le patrimoine culturel est aujourd’hui devenu l’enjeu de conflits et le support des violences que connaissent actuellement ces régions. Dans ce contexte, il est primordial de poursuivre les travaux archéologiques, à la fois sur le terrain lorsque c’est encore possible, et dans la recherche sur des objets et des données accessibles. Ces recherches trouvent donc dans l’actualité internatio

À l’issue de cette thèse, je souhaite dans un premier temps que les résultats puissent faire l’objet d’une publication finale afin de s’insérer pleinement dans la production scientifique contemporaine. Par la suite, les compétences que j’aurai développées ainsi que les réseaux d’échanges scientifiques mis en place au cours de ce projet, conçu comme une formation professionnalisante, me permettront, je l’espère, de poursuivre mes travaux dans le monde de la recherche scientifique et universitaire.

Participer à d’autres projets de terrain et de laboratoire, collaborer et échanger avec d’autres chercheurs apporteront de nouvelles perspectives à mon thème de recherche. Je pourrai ainsi développer de nouveaux sujets de travail pour contribuer à une meilleure compréhension du fonctionnement des sociétés de Méditerranée orientale à l’âge du Bronze et ce, au sein de la ComUE heSam Université et du monde de la recherche française et internationale.